En fait, la vision d’un gars comme Emmanuel Macron, président ou pas, plutôt jeune ou pas, est archaïque. Complètement archaïque. Le summum de son archaïsme est atteint lorsqu’il parle de la « start-up nation » qu’il souhaite pour la France, puisque c’est le fondement même de sa politique, de sa « vision », de son « projet ». Ça démarre vite mais ça retombe encore plus rapidement. Qui peut raisonnablement croire en des chimères déjà vues ? Emmanuel Macron est peut-être resté bloqué dans une période où les start-up fleurissaient, par une sorte d’addiction à la spéculation financière. De plus, il y est bien aidé… Pour le coup, le Dr Frankenstein, Sarkozy et Hollande, entre autres, sont bien dépassés.
On a beaucoup parlé des start-up à la fin des années 90 jusqu’à la disparition d’un grand nombre d’entre elles au début des années 2000 lors de l’éclatement de la bulle internet. La majorité des start-up avaient alors disparu pour laisser place à des entreprises « classiques », plus puissantes et plus grandes, selon la logique capitaliste en place impliquant que le capital finit toujours par se concentrer à un pôle au détriment du reste. Même si cela pouvait paraître très neuf à l’époque, « hi-tech hype » oblige, cette logique suivait scrupuleusement les lois capitalistes et libérales dans la tendance à la concentration du capital par le biais de la concurrence effrénée, de la disparition d’entreprises et, quand cela en vaut la peine, de rachats d’entreprises par d’autres, ce qui accroît la taille du marché des entreprises acquéreuses et concentre un pouvoir encore plus grand dans les mains de quelques uns. Tout cela existait dans le passé et existe encore. Cela n’a jamais cessé, start-up ou pas. Les années 1920 et 1930, entre autres, sont là pour nous le rappeler aussi.
Par ailleurs, Emmanuel Macron, grâce à son trip « start-up nation », montre qu’il faut diviser les gens pour mieux les soumettre. Il s’agit bien d’un trip, sans exagération, tant le gars semble dangereusement allumé. En fait, selon lui, si vous n’avez pas de travail, ou plutôt « d’emploi », c’est uniquement de votre faute. Il ne s’interroge pas sur la valeur réelle du travail effectué, sur le fait que beaucoup d’entreprises ne savent tout simplement pas prendre soin de leurs employés ou le font mal en les aliénant mais il insiste sur le fait qu’il faut produire. Peut-être ne s’est-il jamais senti dans la peau de quelqu’un qui recherche vraiment un travail convenable, avec tout ce que cela sous-entend. Même le mot « convenable » ne semble plus être acceptable. Si vous avez un travail, de quoi vous plaignez-vous ? Rien de neuf là-dedans d’autant que j’ai pu croiser beaucoup de gens dans ma vie qui pensent de la même manière. Demandons-nous pourquoi Macron est là… C’est vrai quoi, mieux vaut la fermer que d’essayer de considérer le travail autrement et surtout d’exercer un travail en considérant un tant soit peu ses collègues et tout ce qui nous entoure… Bref, avec tout ce que j’entends tous les jours, il faut bien que j’admette le désastre sociologique dans lequel toutes ces politiques économiques nous ont menés. Il est encore plus navrant et franchement plus douloureux de constater que les personnes à la Macron font croire que quiconque ne s’adapte pas à cette si merveilleuse société a des problèmes d’ordre psychologique, est un bon à rien, ou un rien du tout. Retournement total de la situation. Ainsi voit-on depuis plusieurs années un nouvel avatar en apparence inoffensif : le bonheur au travail. Dans une entreprise où j\’ai travaillé grâce à un contrat intérimaire reconduit une bonne dizaine de fois, on voyait donc écrit sur le mur de la cantine : « J’ai décidé d’être heureux car c’est bon pour la santé ». À deux pas de là, un babyfoot. Voilà. Vous voyez, c’est donc ça le bonheur ! Ne vous posez pas tant de questions… La France est minée, dévorée par ce genre de pratiques secondées par le « développement personnel » et le pseudo divertissement. Étonnons-nous ensuite que des gens tout à fait qualifiés finissent par se taire, ne plus supporter leur lieu de travail, démissionner ou se retrouver sur le carreau pour rébellion ou dépression.
Enfin, l’air est vraiment suffocant ces temps-ci, où que l’on soit. Je crains vraiment le pire avec ce cinglé de Macron et ses petits bras droits. Je dis « cinglé » en me référant à sa finalité complètement mortifère et archaïque, antisociale. Malheureusement, le gars sait ce qu’il fait. Le pire est bien-sûr la fascisation déjà en marche (tiens donc) depuis même avant l’arrivée de Macron, et affirmée avec lui, ne serait-ce que par la libéralisation et la privatisation (entendre « désintégration sociale et économique au bénéfice de quelques énormes acteurs qui, eux, sont libres »), par les violences contre toute forme de manifestation citoyenne (en insistant lourdement sur certains groupes violents se joignant à ceux qui manifestent), par l’apparition de plus en plus vive, mais déjà ancienne, de connivences entre les acteurs économiques et politiques (Ghosn, les millions de Notre-Dame, les affaires Sarkozy, Balkany, Cahuzac, l’affaire Elf, ou tout simplement la banque et Macron, et tant d’autres…). S’ajoutent à cela une déformation impressionnante de l’Histoire et la casse du système éducatif et du système social. Et ne parlons pas des guerres menées pas si loin d’ici ! Tout cela indique qu’un pays comme la France, s’il ne se réveille pas pour de bon grâce au mouvement initié par les Gilets Jaunes et ne remet pas en question les rapports de force, n’est pas à l’abri d’un fascisme étatique encore plus poussé, comme cela a déjà été le cas pendant la deuxième guerre mondiale. Le fascisme est ce que, de toute façon, semble attendre et appeler de ses vœux tout État adoptant des mesures uniquement dans l’intérêt productif au détriment de la société, en grande partie travailleuse, et de son environnement, tous sens confondus. Le fascisme est la version la plus violente et meurtrière du capitalisme qu’aient jamais connu les travailleurs. Arriverons-nous à arrêter cette folie avant d’arriver à de nouveaux massacres dans nos pays ? Il faut que le peuple s’unisse et reprenne le pouvoir dans ce semblant de démocratie au lieu de s’abrutir par n’importe quel divertissement. Ce qui est au peuple doit rester et revenir au peuple.